Contact: David point Romeuf à laposte point net (répertoire perso ici)
J'ai envoyé plusieurs demandes d'information sur ce sujet sur les mailing-list internationales et francophones. Je n'ai eu aucun retour intéressant de la part des colistiers. J'ai donc décidé de rédiger cette page afin de partager mon expérience de l'impression des anaglyphes. Cette page est en construction, si vous voulez la compléter, la discuter, n'hésitez pas à me communiquer vos informations et vos propres expériences.
Conformément à l'esprit scientifique, pas d'usage des ces données ou parties de texte sans référence, merci !
Nature de l'anaglyphe :
L'anaglyphe est une image composite stéréoscopique qui contient une image correspondant à l'oeil gauche et une image correspondant à l'oeil droit. L'anaglyphe c'est le transport du relief par la couleur. C'est sans doute la manière la plus simple et la plus connue à bas coût au détriment de la fidélité de restitution des couleurs initiales de la prise de vue. L'anaglyphe est un compromis, d'autres techniques de restitution bien meilleures existent mais sans la même facilité de diffusion à un public d'internautes (en 2009...). Les couleurs utilisées pour ce transport ne sont pas prises au hasard. Elles sont souvent complémentaires pour obtenir du blanc par fusion cérébrale.
Le couple de couleur le plus utilisé actuellement est le rouge avec le cyan (vert+bleu). Ce choix est particulièrement adapté pour un système de codage des couleurs qui utilise ces couleurs primaires de manière à bien séparer les informations de l'oeil gauche et de l'oeil droit. C'est à dire, le système RVB des écrans cathodiques ou écrans plats que nous avons l'habitude d'utiliser. Ou encore, la quasi totalité des appareils photos numériques dotés de capteurs CCD/CMOS RVB. Un écran qui est une source lumineuse recrée les couleurs par leur synthèse additive, c'est à dire que l'on part d'aucune lumière (noir) et que l'on ajoute des flux lumineux colorés pour obtenir la couleur désirée par l'addition pondérée de celles-ci. Il n'y a ici aucune difficulté pour l'anaglyphe sauf un problème inhérent au procédé anaglyphique connu sous le nom de rivalité colorée, où, un oeil est ébloui ou ne reçoit pas l'information stéréoscopique par les deux yeux -situation qui n'arrive pas vraiment en vrai- ce qui rend l'objet non situable facilement pour le cerveau (ici pour plus d'informations). Il y a aussi le choix d'un bon couple de restitution écran-lunettes qui est primordial pour apprécier la qualité d'un anaglyphe. En effet, il ne faut pas que l'écran sépare bien l'information gauche/droite mais que les lunettes laissent passer de l'information gauche dans l'oeil droit et vice-versa. Il ne faut pas non plus avoir de bonnes lunettes à filtre séparateurs bien purs mais que l'écran émette des flux primaires assez large, dans la primaire proche. Par exemple, un photosite rouge qui émet de manière sensible dans le vert va introduire dans l'image de droite, l'information de l'image de gauche. Un photosite vert qui émet de manière sensible dans le rouge va introduire dans l'image de gauche, l'information de l'image de droite. C'est de la diaphotie, le cerveau est troublé, perdu. L'image n'est pas regardable, elle est désagréable, il y a des fantômes. Ce symptôme est vraiment typique d'une chaine de restitution non adaptée.
L'impression et la restitution sur papier :
Venons en maintenant au problème qui justifie cette page, la transformation d'un anaglyphe qui part nature est une image numérique RVB restituée en synthèse additive, par une image numérique CMJN restituée à l'impression en synthèse soustractive !
En effet, la diffusion/présentation d'un anaglyphe sur l'Internet ne pose pas vraiment de problème mais en revanche elle peut devenir un vrai problème si l'on souhaite les imprimer sur du papier (livre, poster exposition...). Pourquoi ? On passe de la synthèse additive des couleurs à la synthèse soustractive des couleurs avec des couleurs primaires totalement différentes. Comme l'anaglyphe est le transport du relief par la couleur, il faut que cette transformation soit parfaite, fidèle et surtout possible techniquement avec la même qualité de séparation du rouge et du cyan (pour un anaglyphe rouge-cyan). On doit passer de sources lumineuses RVB d'un écran, aux spectres d'absorptions des pigments colorés des encres utilisés par l'imprimeur. Lorsqu'on observe les images dans un livre, il se passe physiquement le contraire par rapport à un écran, la synthèse est soustractive. La source lumineuse ambiante (la plus blanche possible) se réfléchie sur les encres déposées sur le papier. Ces encres contiennent des pigments colorés qui absorbent une partie de la source lumineuse blanche et se réfléchissent pour entrer dans l'oeil avec une nouvelle dominante colorées que le blanc. La synthèse soustractive utilise comme couleur primaire, le Cyan, le Magenta, le Jaune et le Noir (pour éteindre). C'est le système CMJN qui est utilisée par l'imprimerie ou les imprimantes personnelles ou encore les traceurs grands formats. Plus cette transformation de RVB vers CMJN sera fidèle et mieux l'anaglyphe fonctionnera.
Le problème se complique un peu plus car chaque dispositif de restitution, de part les caractéristiques de leurs couleurs de base, ne sont capables de restituer qu'un ensemble des couleurs possibles que l'oeil est capable d'observer et de différencier. Cet ensemble de couleurs reproductibles par le matériel est appelé le gamut. Le gamut des écrans RVB est plus étendu que celui des encres CMJN. Pire encore, selon le standard des encres utilisées par l'imprimeur (européennes Euroscale, américaines SWOP), le gamut n'est pas tout à fait le même. Et pour finir, pour une même encre, le gamut est différent si on la dépose sur du papier couché, du brillant, du fin, du recyclé...
La fidélité des vraies couleurs vues par l'oeil, acquises à l'origine par un appareil photo RVB à gamut très étendu (ProPhotoRGB/ROMM RGB), restituées par des encres CMJN déposées sur un type de papier, bien souvent avec une chaine non calibrée, peut devenir un vrai casse-tête ou un découragement pour le photographe pointilleux. S'il n'accepte pas de compromis intellectuel, ce dernier ne produira sans doute jamais d'anaglyphe. On peut rassurer le lecteur du fait que l'observateur "grand public" ne voit souvent pas du tout la même chose que le "spécialiste" sauf si la comparaison est directement possible. Je l'ai souvent constaté aussi bien sur des fautes stéréoscopiques ou la fidélité des couleurs en 2D. Le grand public s'attache à l'effet instantané, le spécialiste focalise sur les défauts techniques, le graphiste sur la mise en page, l'artiste sans doute sur l'harmonie de l'ensemble.
Transformation illustrée ci-dessous : Sur la gauche, une forme triangulaire sur laquelle figure toutes les couleurs reproduites par votre écran d'ordinateur (en RVB). Sur la droite, cette même image mais dont les couleurs on été converties en CMJN pour les encres Euroscale déposées sur du papier couché (puis retransformé en RVB). En fait, le triangle coloré de droite est passé par un calcul logiciel de conversion en CMJN. Les deux triangles sont-ils identiques ? Voyez-vous exactement les mêmes couleurs ? ... non pas exactement !
Cette opération est réalisée dans votre logiciel de retouche d'images, dans le module de transformation entre gamut via les profils ICC. Vous devez penser que je suis "culoté" d'écrire qu'elle correspond à l'aspect du tirage sur papier avec encre Euroscale puisque vous le visualisez sur votre écran sRVB en synthèse additive ; mais par expérience, cette restitution est assez semblable à l'aspect que l'on obtient avec une impression offset.
La transformation a pour effet "d'aplatir" les couleurs, surtout pour le vert et le bleu qui paraissent moins vifs, moins saturés. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'avec les encres primaires CMJN, il est impossible de synthétiser de manière soustractive l'exacte couleur produite par la source verte, ou la source bleue utilisées pour la synthèse additive RVB. On passe d'un ensemble de couleurs riches à un ensemble plus réduit.
Aspect d'une image RVB (gamut sRGB) après transformation en CMJN (gamut Euroscale Coated v2).
Examinons ce qui se passe sur chaque couche RVB de cette illustration avec l'image ci-dessous ( 1er colonne = image RVB, 2ieme colonne = 1er colonne convertie en CMJN Euroscale coated v2, 3ieme colonne = les écarts entre version RVB et version convertie CMJN -si les deux triangles colorés étaient identiques après la transformation alors la différence serait nulle et cette troisième colonne devrait apparaître noire-, 2ieme ligne = flux lumineux de la couche rouge représenté en niveau de gris, 3ieme ligne = flux de la couche verte en niveau de gris, 4ieme ligne = flux lumineux de la couche bleue en niveau de gris ) :
Différences d'aspect d'une image RVB (gamut sRGB) après transformation en CMJN (gamut Euroscale Coated v2), couche par couche dans RVB.
Les problèmes constatés lors de l'impression offset d'anaglyphes
Nous venons de voir que la transformation de RVB vers CMJN se traduit par un changement des couleurs initiales et dans le cas de l'anaglyphe par l'introduction de l'information d'un oeil dans l'autre. Cette transformation est donc intrinsèquement mauvaise pour le procédé anaglyphique.
L'expérience que j'ai eue de l'impression offset m'a permise de me rendre compte que le plus grave problème est le fantôme cyan. C'est à dire lorsque l'anaglyphe présente un grand décalage cyan dans une zone claire, comme par exemple un rocher sombre détouré par un ciel blanchâtre clair. Ou encore, un objet lumineux décalé cyan sur un fond sombre ou gris. J'ai rarement constaté un problème avec un décalage fantôme rouge.
J'ai développé un petit logiciel pour m'aider à identifier les couleurs à risque et les zones problèmatiques une fois imprimées en offset CMJN. Il permet par le calcul de fabriquer deux planches de couleurs. Celles-ci contiennent les couleurs non diaphotiques vers CMJN et les couleurs diaphotiques qui poseront un problème une fois transformées en CMJN Euroscale offset. En injectant une image au logiciel, celui-ci crée en sortie une image dont les parties qui posent problèmes en impression CMJN Euroscale Coated (ou FOGRA Coated) sont mises en évidence en JAUNE clair.
Voici les 16.777.216 couleurs qu'une carte graphique d'ordinateur standard (CNA 8 bits) peut générer par le dosage du rouge, vert et bleu sur 256 unités digitales RGB(dose rouge de 0 à 255,dose verte 0 à 255,dose bleue de 0 à 255) :
Abaque des 16.777.216 couleurs qu'une carte graphique 8 bits peut générer par le dosage des composantes RVB (r256*v256*b256).
CLIQUEZ SUR L'IMAGE POUR BIEN DISTINGUER LES NUANCES DES COULEURS DANS UNE VERSION HAUTE RESOLUTION 4096x4096 pixels.
Voici la planche des couleurs qui ne poseront pas de problème pour l'impression d'un anaglyphe en CMJN Euroscale Coated v2. Cette planche est construite par le calcul de mon logiciel en fixant un seuil déduit de l'expérience. Ce seuil est une limite que je juge tolérable où la couleur initiale qui est bien séparée image oeil gauche/droit en RVB n'est pas trop décalée vers l'oeil homologue en CMJN. Le seuil est de 25 DAU maximum de dérive (gauche/droite) entre la couleur initiale et la couleur transformée en CMJN Euroscale coasted v2 :
Abaque des couleurs initiales d'un anaglyphe qui ne poseront pas de problème à l'impression en CMJN.
CLIQUEZ SUR L'IMAGE POUR BIEN DISTINGUER LES NUANCES DES COULEURS DANS UNE VERSION HAUTE RESOLUTION 4096x4096 pixels.
Voici la planche des couleurs qui poseront un problème de type diaphotie pour l'impression d'un anaglyphe en CMJN Euroscale Coated v2. J'ai déterminé "expérimentalement" un seuil de 25 DAU maximum de dérive (gauche/droite) entre la couleur initiale et la couleur transformée en CMJN Euroscale coasted v2. Certaines couleurs dérivent de plus de 230 DAU vers le canal homologue (oeil gauche vers le droit, ou oeil droit vers le gauche) lorsqu'elles sont transformées en CMJN. Ces couleurs sont donc absolument à éviter dans un anaglyphe RVB que l'on désire imprimer en offset CMJN encres Euroscale (ou FOGRA 27, 39) :
Abaque des couleurs initiales d'un anaglyphe qui poseront un problème diaphotique à l'impression en CMJN.
CLIQUEZ SUR L'IMAGE POUR BIEN DISTINGUER LES NUANCES DES COULEURS DANS UNE VERSION HAUTE RESOLUTION 4096x4096 pixels.
Mon logiciel permet d'analyser un anaglyphe RVB. Il marque en jaune clair les parties qui dériveront beaucoup trop d'un oeil vers l'autre en impression offset, parties qui rendront l'anaglyphe imprimé incohérent pour le cerveau. On peut noter aussi que ces zones diaphotiques portées en jaune clair, ne sont pas forcément perçues incohérentes dans les zones dépourvues de relief comme le ciel au dessus du menhir par exemple. Il y a aussi des anaglyphes qui passeront très bien en impression CMJN car ils sont quasiment dépourvus de couleurs problèmatiques (comme la crèche en paille) :
Que faire pour préparer un anaglyphe rouge-cyan à l'impression offset CMJN ?
Quelques exemples de retouches possibles
- la version CMJN devient "regardable" par retouche du montage stéréoscopique :
Sur la premier ligne, l'image originale RVB à gauche et l'image convertie en CMJN "Euroscale coated" sur la droite. Cette dernière est épouvantable, la conversion a totalement sabrée l'amphore (les gaulois aussi les sabraient pour les boire ;-) nous sommes plus sobres et nous contentons des les imprimer).
En dessous, les couches rouge, verte et bleu des deux correspondantes.
Sur les amphores, on perçoit particulièrement bien l'information de l'image oeil gauche dans l'image oeil droit sur la couche verte (cliquez pour agrandir). La conversion CMJN apporte une couleur qui ne sépare plus aussi bien oeil gauche/oeil droit, l'image gauche est injectée dans l'image droite, ce n'est plus regardable.
Remarquez que cette image est montée sans "faute" stéréoscopique, elle est bien à la fenêtre.
Mise en évidence couche par couche de l'injection du canal de gauche dans le canal de droite et vice-versa
lors de la conversion en CMJN (au bout des traits noirs ajouté par l'auteur).
La modification +luminosité/-contraste n'apporte pas grand chose sinon que de casser le contraste et la rendre plus plate. Il y a toujours autant de diaphotie apportée par la conversion. La désaturation n'apporte pas grand chose non plus. Le détourage est compliqué et risque de prendre du temps pour finalement le perdre. La solution retenue est alors de modifier le montage stéréoscopique de manière à ne plus avoir de décalage sur les amphores (puisque se sont les seules configurations colorées vraiment problématiques sur cette image) :
Solution 1 : on avance la scène vers l'observateur et on réalise la découpe de cohérence stéréoscopique.
Une autre solution si le graphiste ne supporte par la découpe de cohérence stéréoscopique (bande rouge et cyan sur la gauche et la droite) est de laisser délibérément la violation de fenêtre qui n'est pas épouvantable dans ce cas :
Solution 2 : on avance la scène vers l'observateur et on laisse délibérément la violation de fenêtre,
si l'infographiste prépresse ne supporte pas les découpes.
- la version CMJN devient "regardable" par le changement d'une couleur :
Illustration ci-dessous l'image originale RVB sur la gauche et l'image convertie en CMJN "Euroscale coated" sur la droite. Cette dernière est épouvantable sur le haut, au niveau du ciel (blanc) et la charpente sous le toit de l'escalier sont gris sombre, la conversion CMJN casse vraiment la séparation des canaux droite/gauche à ce niveau à partir des couleurs originales.
Le calcul du changement de gamut et de synthèse provoque une couleur inadéquate pour un anaglyphe.
Voyez par exemple la catastrophe sur le canal vert (canal image de droite) où apparait très nettement le fantôme de l'image du canal oeil gauche (rouge) dans le ciel blanc très lumineux. Le cerveau se demande bien où le situer car il le perçoit en même temps dans les deux yeux à deux endroits différents :
La couche verte où le fantôme (de la vue oeil gauche) crée par la conversion CMJN sont évidents.
Que faire ? Toutes les tentatives luminosité/contraste, teinte/saturation, température de couleur sont un échec cuisant ! La seule solution que j'ai pu trouver sur cet exemple (du canal cyan d'un objet sombre sur fond très blanc) est de modifier la couleur du ciel blanc par une couleur de ciel qui ne provoquera pas (ou peu) de diaphotie lors de la conversion en CMJN. Par exemple, utiliser une couleur de ciel au coucher avec pas mal de rouge dans le ciel bleu. Voici le résultat de la retouche par détourage du ciel dans les couches Rouge et Vert+Bleu dans l'image RVB initiale :
Le calcul du changement de gamut et de synthèse NE provoque PAS une couleur inadéquate pour un anaglyphe.
Et si on analyse la couche verte comme pour le premier exemple avec le ciel bien blanc, le fantôme du canal gauche n'apparait plus (ou très faible) lors de la conversion en CMJN. En revanche sur la couche bleue on le perçoit mais plus lumineux :
Magique ! La conversion CMJN ne provoque pas de fantôme du canal oeil gauche avec cette couleur de ciel.
Analysons les différences avec l'illustration ci-dessous. On met en évidence que pour l'image initiale la conversion est :
- mauvaise dans le rouge ;
- mauvaise dans le vert ;
- mauvaise dans le bleu ;
en revanche, la conversion CMJN de l'image retouchée (couleur du ciel) est :
- correcte dans le rouge, dans le sens moins mauvais qu'avec l'initiale car fantôme moins contrasté ;
- idéale dans le vert, il n'y a plus le fantôme du canal oeil gauche ;
- passable dans le bleu, le fantôme du toit est moins contrasté et pas dans le même sens lumineux qu'avec l'initiale.
En revanche sur l'ensemble, l'anaglyphe retouché est bien meilleur en CMJN que sans la retouche.
Les différences entre RVB et la conversion CMJN.
- la version CMJN devient "regardable" par retouche du montage stéréoscopique et le changement d'une couleur, avec optimisation par itération de conversion :
Ci-dessous, l'image originale montée à la fenêtre (de l'aiguille du diable au Puy de Sancy) avec une conversion vers l'ensemble des couleurs Euroscale coated sur la gauche. Si vous chaussez les lunettes, vous verrez que cette dernière n'est pas regardable. Nous sommes toujours dans le schéma classique du fantôme cyan d'un objet sombre (rocher) sur une plage très lumineuse (ciel blanc). On voit nettement la diaphotie apportées par la conversion CMJN sur les couches vertes et bleues où l'image de l'oeil gauche se retrouve en fantôme dans l'oeil droit.
Classique : gros fantômes introduit dans l'oeil droit par la conversion RVB vers CMJN.
La seule solution efficace que j'ai pu trouver est de changer le montage stéréoscopique de manière à réduire les écarts rouge-cyan, et, de changer la couleur du ciel (blanc RVB(255,255,255)) par une couleur qui supportera bien la conversion vers le CMJN sans apporter de diaphotie, le RVB(214,198,224) c'est à dire un ciel bleu rougeâtre typique au moment d'un coucher de Soleil. Le résultat est présenté ci-dessous en CMJN Euroscale. C'est beaucoup mieux qu'avant mais si on détaille les couches rouge, verte et bleue après reconversion vers RVB, on distingue des fantômes diaphotiques sur les couches rouge et bleue. La couche verte est parfaite, il n'y a plus aucun fantôme de l'oeil gauche. Cette couleur n'est donc pas parfaite pour réaliser cette conversion en ces lieux de l'image. Que faire pour essayer d'optimiser ?
Après remplacement de la couleur du ciel par une couleur appropriée,
il reste de faible fantômes dans l'oeil droit (bleu) et l'oeil gauche (rouge).
Une idée qui vient assez rapidement est d'utiliser le tampon correcteur du logiciel de retouche (couche par couche RVB) et de tamponner les fantômes directement sur les couches RVB de manière à les gommer.
Le calcul mathématique de la conversion RVB vers CMJN et CMJN vers RVB est bien réversible. C'est à dire qu'en corrigeant les problèmes sur le résultat d'une conversion, on tend vers des couleurs qui conversion après conversion ne posent plus de problème car elles ont une solution dans les deux gamuts (sRGB et CMJN Euroscale). La retouche apporte une solution parfaite au calcul dans ces zones particulières. On peut donc s'en servir pour optimiser l'image en CMJN en réalisant des itérations : RVB -> CMJN -> RVB: correction au tampon sur les couches -> CMJN -> RVB : dernière retouche -> CMJN : on arrête là car on la juge utilisable en l'état. Comme le gamut sRVB est plus étendu que l'Euroscale, on tend par itération de conversion vers une image dont les couleurs existent dans les deux gamuts. Le retour vers RGB est plus simple pour les retouches de l'anaglyphe, les canaux droites et gauches étant plus intuitifs qu'en CMJN.
Voici le résultat obtenu en CMJN après 3 itérations (tampon sur ciel et découpe cohérence stéréoscopique), plus aucun fantôme entre les rochers et le ciel sur toutes les couches :
- la version CMJN devient "plus acceptable" en modifiant le flux lumineux du fantôme par détourage (augmenter sa luminosité, changer le contraste et la luminosité globale de l'image) :
Nous sommes toujours dans le cas défavorable d'un fantôme cyan. Dans cet exemple nous nous concentrerons sur le côté gauche du menhir de Ludesse, le fantôme épouvantable qui apparait dans le ciel. Une solution radicale est le changement de la couleur du ciel comme expliqué précédemment. Si on ne veut pas utiliser cette technique, on peut toujours tenter de réduire son effet en le minimisant. C'est à dire tenter de le faire devenir moins visible.
La conversion ci dessous fait apparaitre un fort fantôme sur le côté gauche du menhir. Il y a aussi l'arbre au fond à droite :
Gros fantôme diaphotique sur le côté gauche du menhir de Ludesse et l'arbre au fond à gauche, lors de la conversion RVB vers CMJN.
Cette partie qui apparait pour nous comme un fantôme est utile à la vision stéréoscopique. Elle est la forme du menhir dans l'image de l'oeil droit. Nous ne pouvons donc pas supprimer totalement ses limites (par exemple en gommant avec la couleur du ciel) car l'image deviendrait incohérente pour le cerveau. Il manquerait une partie du menhir dans un oeil qu'il devrait pourtant observer en situation normale ! Il faut donc la détourer à l'aide des outils de retouche de votre logiciel, puis agir sur les caractéristiques de cette couleur jusqu'au réglage que l'on trouve acceptable (mais pas forcément parfait).
Dans l'exemple ci-dessous, j'ai détouré le fantôme cyan à gauche du menhir avec l'outil lasso magnétique (image en CMJN). J'ai augmenté la luminosité (+50 %) du fantôme de manière à abaisser son contraste par rapport au ciel. En fait, j'ai décalé la couleur initiale du fantôme RGB(106,197,224) vers une couleur cyan plus pâle Le fantôme passe en RGB(174,222,242). On le voit moins mais il est alors plus difficile de situer le bord gauche du mégalithe :
Solution : détourage du fantôme sur le côté gauche du menhir avec le lasso magnétique,
augmenter la luminosité dans cette partie sélectionnée de l'image via l'outil luminosité/contraste.
Et enfin, si on veut aller vite on peut toujours agir sur le réglage global de l'image avec l'outil luminosité/contraste. Ci dessous, une version avec +50% de luminosité globale et -100% de contraste pour l'aplatir. Le fantôme est devenu RGB(154,212,232) :
Solution : traitement global,
+50 % de luminosité, -100 % de contraste.
Ces deux solutions ne sont pas parfaitement satisfaisantes.
Préparation des anaglyphes à l'impression sur imprimante numérique ou traceur poster
J'ai obtenu d'excellents résultats de tirage sur imprimantes personnelles photos et sur les traceurs numériques de poster (comme la Canon imagePROGRAF iPF9100). A vrai dire, les constructeurs ont optimisés la fidélité des couleurs par la multiplication des encres primaires. Ainsi un tirage offset est réalisé à partir de 4 encres primaires (cyan, magenta, jaune et noir). L'offset à l'avantage de la rapidité d'impression. Il est difficile de multiplier les encres car les machines deviendraient très volumineuses et très onéreuses.
Les "petites" imprimantes spécialisées dans le tirage à partir de fichier RVB ont maintenant 12 encres primaires, soient 3 fois plus que l'imprimerie offset. Grâce à ces 12 encres primaires, le gamut de reproduction des couleurs est bien plus étendu et offre beaucoup plus de possibilité à la synthèse soustractive. Le résultat de l'impression est très fidèle, quasi comparable au fichier RVB si la chaine d'impression est bien calibrée. Il y a peu de fantômes résiduels. On pourra les optimiser de la même manière que les méthodes décrites pour l'offset mais en utilisant la conversion par le profil ICC du matériel spécifique.
Conclusion
Le tirage sur papier d'anaglyphes peut ne pas fonctionner. En effet, il faut obtenir la même séparation des images homologues après conversion en synthèse soustractive à partir d'une image codée en synthèse additive. Les gamuts reproductibles entre les deux systèmes ne sont pas identiques et le calcul de cette transformation provoque des couleurs non adaptées au procédé anaglyphique. Grâce à un logiciel de retouche, on peut améliorer cette conversion.
Les solutions présentées dans cette page web sont issues de l'expérience. Elles ne sont sans doute pas exhaustives. A vous de complèter...
Liens vers sites :
Documents complémentaires :