Août 2007
Contact: David point Romeuf à laposte point net
Pour réaliser des images stéréoscopiques (relief/3D) avec deux boitiers photographiques comprenant des personnages ou des objets en mouvement, il est obligatoire de déclencher (et idéalement synchroniser) le plus finement possible les deux appareils en même temps. En effet, les deux images doivent être prises sous des angles différents pour que notre cerveau puisse recréer le relief mais aussi elles doivent être cohérentes dans le temps (sinon on demande au cerveau de recréer une scène impossible ou qui n'existe pas).
J'utilise deux méthodes simples à faible coût plus ou moins précises. Ces méthodes ne contrôlent pas informatiquement les boitiers, c'est à dire qu'il n'y a pas de dialogue numérique protocolaire entre les appareils pour obtenir les mêmes réglages (point faible de ces méthodes car plus longue à mettre en oeuvre qu'une solution maître-esclave) :
1)- la première consiste à utiliser un déclencheur/télécommande infrarouge retardateur Canon RC-1 ou RC-5. On place les deux boitiers dans le mode retardateur, on cadre, on réalise la mise au point puis on débraye l'autofocus, on déclenche la pose en plaçant la télécommande entre 30cm et 5m devant les objectifs. Les deux appareils doivent clignoter et capturer la scène. Pour obtenir une meilleure synchronisation et assurément le même temps de pose sur les deux boitiers, il vaut mieux travailler en mode M (temps de pose imposé) en le mesurant avec la cellule en mode P auparavant par exemple. Le temps de pose s'affiche sur l'écran LCD à l'arrière du boitier ;
Canon RC-1 : Canon RC- 5 :
2)- la deuxième méthode plus pratique dans certains cas (évite des mouvements devant/derrière et sans retardateur) consiste à réaliser un déclencheur filaire qui connecte électriquement les deux appareils. On doit procéder de la même manière que la première pour la meilleure prise de vue : mise au point, centrage, débrayage autofocus (meilleure synchro), mesure cellule (meilleure synchro, mode M sur les deux appareils pour être certain du temps de pose identique sur les deux boitiers), déclenchement. Une manière moins contraignante mais moins précise, souvent suffisante, consiste à travailler en mode P ou (paysage, portrait...) en autofocus, laisser appuyer le bouton de mise au point/mesure cellule, attendre le réglage de la mise au point, attendre la fin de la mesure cellule, appuyer en même temps sur le deuxième bouton de déclenchement de la pose.
Réalisation du déclencheur filaire : (2 prises jack stéréo 2.5 mm mâle, 2 boutons poussoir, 1 interrupteur, 4 diodes courantes rapides genre 1N4148 ou 1N4001...4, un boitier plastique ou métallique, du fil ou des cordons stéréo récupérés). Il s'agit du montage typique des déclencheurs souples Canon auquel j'ai ajouté 4 diodes pour éviter les retours de courant par la masse. Les diodes sont indispensables pour éviter des bogues de fonctionnement, des interactions incohérentes entre les deux boitiers :
Mesure de la synchronisation : N'ayant pas à disposition un matériel de mesure adapté, j'ai utilisé un moniteur informatique CATHODIQUE (CRT) dont le balayage vertical est de 60 Hz. C'est à dire qu'un spot lumineux parcours l'écran de haut en bas 60 fois par seconde. En fixant le temps de pose sur les deux boitiers photographiques à 1/125s, on déclenche la pose avec le montage filaire et on analyse les images obtenues "simultanément" avec les deux appareils. La première vérification consiste à calculer le temps de pose avec la hauteur de la bande d'écran rafraichie par rapport à la hauteur de l'écran en pixels sur la photo (temps de pose bande = hauteur_bande / (60 * hauteur_ecran) ). On doit retrouver le temps de pose paramétré sur les boitiers, sinon la mesure n'est pas bonne. Ensuite, il faut retrouver le début de la pose et aligner verticalement les deux images. L'écart vertical du début de pose des deux images va nous donner une bonne idée de la précision de synchronisation des deux appareils avec le montage. La photo ci-dessous illustre le décalage maximal que j'ai observé avec plusieurs essais. Je trouve un décalage maximal de 1/1000s ce qui est largement suffisant temporellement pour la plupart des situations à photographier. d = (43 pixels * (1/60) / 796 pixels = 0.0009s = 1/1000s. L'inclinaison de la bande est due à l'orientation opposée des deux boitiers sur mon support et la lecture de la puce CMOS de l'EOS 350D.
"Lapin malin, Maternelle 1 : permet de mesurer le décalage temporel du déclenchement des poses"
L'image de droite du boitier gauche est volontairement plus lumineuse par correction logiciel pour distinguer les deux poses sur cette illustration.
Il est à noter que cette technique ne fonctionne pas avec des écrans LCD, la rémanence de ces écrans est trop grande, le fonctionnement différent. Voici une pose de 1/250s prise simultanément avec deux appareils sur un écran LCD de portable PC dont le rafraichissement est de 60 Hz (j'ai volontairement poussé la luminosité sur l'image de droite pour distinguer les deux images) :
Mon matériel photo stéréo sur pied (2 Canon EOS 350D, une tringle horizontale percée de multiples trous pour régler une base de 12 cm à 38 cm, 2 rotules Manfrotto 3D Junior, un déclencheur filaire double, un trépied Vanguard mg6) :