La zone du mois Intercalaire 2 "... CIALLOS ... SONNOCINGOS ..."
du calendrier original de Coligny exposé au Musée
gallo-romain de Lyon Fourvière.
Sur la gauche, le mois RIUROS 3, sur la droite le mois EQUOS
3. Crédit : David ROMEUF.
« … Tout gui venant sur le rouvre est regardé comme envoyé du ciel ; ils pensent que c'est un signe de l'élection que le dieu même a faite de l'arbre. Le gui sur le rouvre est extrêmement rare, et quand on en trouve, on le cueille avec un très grand appareil religieux. Avant tout, il faut que ce soit le sixième jour de la Lune, jour qui est le commencement de leur mois, de leurs années et de leurs siècles, qui durent trente ans ; jour auquel l'astre, sans être au milieu de son cours, est déjà dans toute sa force »
PLINE L'ANCIEN, Histoire naturelle, Livre XVI - XCV.
« Les Gaulois se vantent d'être issus de Dis Pater (du dieu Pluton), selon la tradition des druides ; c'est par cette raison qu'ils mesurent le temps, non par le nombre des jours, mais par celui des nuits : les jours de naissance, le commencement du mois et celui des années sont toujours comptés de manière que le jour n'entre dans le calcul qu'après la nuit. »
Jules CÉSAR, la Guerre des Gaules, Livre VI - XVIII.
« Le mouvement des astres, l'immensité de l'univers, la grandeur de la terre, la nature des choses, la force et le pouvoir des dieux immortels, tels sont en outre les sujets de leurs discussions : ils les transmettent à la jeunesse. »
Jules CÉSAR, les Druides dans la Guerre des Gaules, Livre VI - XIV.
Résumé : Nombreux sont les textes antiques qui attestent de l'utilisation des étoiles comme repère temporel. Sans calendrier et/ou horloge disponible et/ou en usage, le ciel était utilisé par les anciens peuples comme un repère temporel périodique précis et synchrone avec la nature, sans dérive évidente à l'échelle séculaire. Le lever héliaque des étoiles de première grandeur était fréquemment utilisé. À l’époque encore plus reculée de l’âge de la Pierre, des sites mégalithiques furent délibérément orientés vers des positions particulières et remarquables du Soleil ou de la Lune. "L'horloge" la plus précise et sans dérive qui rythme encore nos vies reste la position du Soleil. L'outil de mesure le plus précis est actuellement l'horloge atomique Pharao. Outre les travaux agricoles, les célébrations, cérémonies et fêtes religieuses devaient être exécutées à des dates particulières. La création d’un calendrier participait à la maîtrise du temps par les hommes, à l’organisation temporelle d’une société humaine. Lié depuis toujours à l’observation astronomique, il n’est pas étonnant que les premiers calendriers soient basés sur des périodes astrales évidentes ou couplées (solaire, lunaire, luni-solaire, stellaire, planétaire…). Si les calendriers de nombreuses civilisations sont bien connus et abondamment documentés, celui des Gaulois et donc des Celtes apparaît plus discrètement. Ce web-article a pour but de réaliser une synthèse pédagogique des travaux archéologiques de rétroingénierie sur le sujet, de proposer plusieurs restitutions complètes hypothétiques des siècles gaulois afin de bien les appréhender temporellement et concrètement, en particulier sur les notations périodiques. Et enfin, de chiffrer et comparer la précision et la dérive des milliards de combinaisons possibles par rapport à celle choisie, démontrant ainsi le but recherché par les responsables du temps. L'histoire du calendrier gaulois est sans doute l'histoire de l'observation de la Lune, son utilisation avec la mise au point d'un comput qui la suit au mieux dans le temps, tout en suivant aussi le Soleil par la suite, mais en restant dans le temps lunaire.
Abstract : xxxx.
Sommaire
À ce jour, l’archéologie n’a pas livré un calendrier gaulois complet mais seulement deux fragmentaires. Notre connaissance du calendrier Gaulois est donc partielle et lacunaire :
—
La première découverte remonte à 1807 avec un petit fragment de bronze
sorti des eaux du bord du lac d’Antre proche de Villards d’Héria dans
le Jura, en territoire Séquanes. Sa surface était très
modeste et on en perd trace chez un antiquaire parisien en 1888. Il
reste un bon fac-similé réalisé par Héron DE VILLEFOSSE (1898). En
1967, Lucien LERAT retrouva au moins 5 fragments en bronze appartenant
à ce même calendrier dans le ruisseau d’Héria ;
— La découverte la plus conséquente fût en novembre 1897 quand de
nombreux fragments d’une grande plaque de bronze mêlée aux morceaux
d’une statue divine gallo-romaine de Mars furent découverts par un
cultivateur à Coligny (dans l’Ain), en territoire Ambarri.
L’ensemble était enfoui à 30 cm de profondeur dans un champ proche de
la voie romaine Lyon-Besançon (Lugdunum-Vesontio). On peut
penser par la forme de l’excavation que les fragments étaient
rassemblés dans un panier en forme de hotte. La langue gravée, la
forme et le contenu ne laisse aucun doute sur la nature d’un
calendrier gaulois (à priori une plaque techniquement gallo-romaine gravée dans le bronze, écrite en lettres latines mais en mots gaulois). Ces fragments (environ 150) représentent de
l’ordre de 50% de la surface de la plaque calendaire d’1,48 m x 0,9 m.
Il manque 30 mois sur 62. Le "puzzle" de cette plaque une fois
reconstitué, se présente sous la forme d’un tableau de 16 colonnes et
4 lignes/mois (sauf 2 colonnes où apparaissent 3 mois).
Le calendrier de Coligny original exposé dans son cadre protecteur en
verre au Musée
gallo-romain de Lyon Fourvière. Crédit : David ROMEUF.
Chaque ligne de notation journalière possède un trou qui permettait d’accrocher un index pour repérer le jour courant (probablement une cheville en bois). Les lettres latines gravées ont une hauteur moyenne de 3,5 mm. La mise en page est approximative et irrégulière. Elle comporte quelques maladresses où certaines lignes débordent sur la colonne suivante. L’alignement vertical est irrégulier, l’interligne parfois moyennement respecté. Comme l'opération de gravure fût manuelle et laborieuse, les lettres ne sont pas systématiquement espacées régulièrement. Les épithètes de certains mois débordent parfois sur l’en-tête du mois voisin. Les trous sont percés concomitamment à la gravure de la ligne mais de manière irrégulière (des séries semblent percées à l’avance, parfois en trop). Des chiffres romains X gravés à l’avance en série sont raturés, signe d’une erreur. La lassitude et les défauts de concentration du graveur sont perceptibles face à ce long travail (raturage, omission de mot, mot superflus, répétition, imperfections).
Exemple de raturage du graveur avec deux X barrés entre le jour XIIII
et le jour XV d'AEDRINIOS 2.
Il s'agit probablement d'une erreur d'anticipation avec trop de X
gravés à l'avance sans les compter.
Photographie de l'original du calendrier de Coligny au Musée
gallo-romain de Lyon Fourvière. Crédit : David ROMEUF.
Exemple d'une erreur d'attention du graveur qui a frappé deux V de
suite entre les jours IIII et VI. De plus, l'alignement
vertical n'est pas respecté et on ne sait plus à quelle ligne est
attribuée la notation journalière.
Photographie de l'original du calendrier de Coligny au Musée
gallo-romain de Lyon Fourvière. Crédit : David ROMEUF.
Le calendrier était probablement installé dans un sanctuaire. Les Druides le tenaient à jour puisqu’ils avaient le monopole des connaissances scientifiques et l’observation astrale. La date de sa destruction est estimée à la fin du IIème siècle après J.-C.
De nombreux auteurs ont étudiés et analysés le comput et les notations de chaque ligne du calendrier gaulois de Coligny. Ils ont pratiqué un travail très minutieux et fastidieux de "rétroingénierie". Les fragments du Lac d’Antre permettent aussi de confirmer certaines lignes de Coligny (comme par exemple les 4 dernières lignes du mois ANAGANTIOS 1). Les contributeurs sont Paul DISSARD (1898), Héron DE VILLEFOSSE (1897), Seymour DE RICCI (1898), Emile ESPERANDIEU (1898), John RHYS (1905, 1911), Goddard Henry ORPEN (1910), Célestin LAINE-KERJEAN (1943) et surtout Eóin Mac NEILL (1928) avec la publication de son mémoire de 1924 dans la revue Irlandaise Ériu, « On the notation and chronography of the calendar of Coligny » (nous détaillerons les transferts, rétrogradations, prêts aux intercalaires, Equos II et IV à 28 jours).
Sur le plan archéologique, la référence actuelle qui reprend et complète le travail de ces premiers contributeurs est le copieux Recueil des Inscriptions Gauloises R.I.G Volume III – Les calendriers (Coligny, Villards d’Héria) par Paul-Marie DUVAL et Georges PINAULT, 1986, XLVe supplément à « GALLIA » CNRS. On trouvera l’histoire détaillée de ces différentes études sur le calendrier de Coligny dans les pages 1 à 13 de cet ouvrage. Chaque ligne restituée (c’est-à-dire, celles attestées par l’inscription sur un morceau de la plaque, et celles déduites par la compréhension de la logique et le mécanisme des notations du calendrier) est argumentée dans les pages 329 à 395 de ce R.I.G. III. Une grande partie du fonctionnement du calendrier est compris mais il reste plusieurs énigmes comme les signes triples (hastes, sous forme de 3 lignes verticales précédents la notation journalière dont l’une plus grande est barrée, regroupée généralement en série logique sur 3 jours consécutifs), la traduction de nombreuses notations et surtout nous n’avons pas de T0 (jour de départ) ou d’équivalence d’un jour dans un autre calendrier connu. Nous ne savons pas non plus si ce calendrier fût fabriqué par la tribu des Ambarri ou importé. La raison de sa destruction est supposée. Enfin, il contient plusieurs erreurs de gravure due à la lassitude probable du graveur. On peut même se demander si le commanditaire n’avait pas demandé de recommencer l’exécution en exigeant une plaque parfaite.
L’analyse fine des fragments et des notations permet de comprendre que ce calendrier a évolué dans le temps. Il fût réformé, perfectionné, adapté. Il est avant tout astronomique avec la Lune, astre intrigant par le changement continuel et périodique de sa forme dans le ciel qui rythme la semaine, la quinzaine et le mois (son déplacement est très rapide par rapport aux autres astres : son diamètre en 1 heure devant le fond des étoiles qui sont fixes, 0,508°/h) ; et le Soleil astre chaud et nourricier qui marque les saisons dans l’année solaire (mais qui se déplace plus lentement devant le fond des étoiles lointaines et donc fixes, de son diamètre en 12,17 h ou environ 2 diamètres en 1 jour (0,9856°/j)).
La Lune au premier quartier photographiée par Jean CHAPELLE dans les années 1980, Président fondateur de l'Association des Astronomes Amateurs d'Auvergne,
Professeur de Mathématiques au lycée-collège de Montferrand (Ambroise BRUGIÈRE) à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme 63.
Cette phase particulière, facile à repérer de manière précise par son terminateur en segment de droite, marquait le début des mois gaulois.
On peut lui reconnaître 3 états très différents :
Exemple des échanges ou permutations entre mois voisins dès l'état
1 lunaire du calendrier gaulois.
Ces permutations introduisent donc des jours fastes/matu
dans des mois néfastes/anmatu et des jours pas matu
dans des mois fastes/matu. Eóin Mac NEILL appela ces
échanges de notations « transference by interchange ».
Les auteurs du RIG III ont traduit par « échanges ». Ces échanges
ont lieux le 1er du mois (PQ) ou/et le 16ieme
jours (DQ), en série au milieu du mois (avant ou après le dernier
quartier), parfois vers la PL. L’analyse de la totalité de ces
échanges met en évidence deux manières de sélectionner les paires
de jours. Au premier semestre (mois 1 à 6, de SAMONIOS à
CUTIOS), les permutations portent sur les paires de mois
1-2, 3-4, 5-6. Au second semestre (mois 7 à 12, de GIAMONIOS
à CANTLOS), les permutations s’effectuent sur les paires
adjacentes en triades (7-(8)-9) et (10-(11)-12). Les auteurs du
RIG III y voient une survivance de l’année indo-européenne
subdivisée en semestre.
Le mécanisme calendaire des échanges de jours entre les mois
introduit dès cet état des jours favorables md dans des
mois incomplets ou défavorable anmatu, et des jours
pas matu d dans des mois favorable ou complet matu.
D’autres notations remplacent aussi d, md et d
amb : n inis r remplace les trois notations dans
tous les mois sauf EQUOS et peut être AEDRINIOS,
prinni loudin remplace md, prinni laget
remplace d et d amb et deuortom iug
remplace md dans RIUROS.
Mais 6 mois de 29 jours + 6 mois de 30 jours = 354 jours pour «
une année lunaire », soit un écart d’environ -11,24 jours par
rapport à la durée d’une année solaire tropique du retour aux
saisons (354-365,242190517=-11,24 jours, J2000).
Chaque année solaire, le calendrier gaulois lunaire (état 1)
perdait environ 11 jours sur le retour des saisons (provoquées par
le Soleil), soit -22,5 jours en 2 « ans lunaires », -28,1 jours en 2,5 années solaires, -33,7 jours en 3
« ans lunaires ». Ce calendrier suivait approximativement la Lune (car les lunaisons n’ont pas une durée fixe avec ± 7 heures
de variation) mais pas du tout le Soleil qui rythme la
saison agraire et la vie humaine. Une simulation numérique sur une durée de 30,04
années solaire tropique (10974 jours soit 31 années
gauloises lunaires de l’état 1, soit 371,6 lunaisons synodiques
moyennes), tenant compte des instants vrais (et pas
moyens) des phases lunaires montre que ce comput n’est pas optimal
vis-à-vis du retour du premier quartier lunaire au 1er
jour de chaque mois (voir le texte de PLINE L'ANCIEN). Sur un siècle de
30,04 années solaires, il totalise un écart cumulé au premier
quartier d’environ 1987,1 jours (soit 5,3
jours en moyenne par lunaison). Le 1er du mois
ne tombait donc pas forcément au moment du premier quartier
lunaire, sauf à attendre ou anticiper le début du mois
pour resynchroniser toutes les n années… ;
— les acteurs de cette réforme du calendrier lunaire ont voulu
probablement commémorer/rappeler le prêt de la
notation d’une partie des jours des mois intercalaires (18 sur
30). Ainsi, sont introduit dans certains mois la notation n,
un an après le jour prêté et parfois une seconde fois à +2 années
plus tard. Les 18 premiers mois prêteurs (des 18 premiers jours de
l’intercalaire) sont commémorés à +1 an. S’ajoute aux 6 premiers
mois déjà commémorés, une seconde commémoration à +2 ans. Il y a
donc 18 jours commémorés mais 24 fois. Les autres jours 19 à 30 ne
le sont pas car ils seraient commémorés temporellement après le
mois intercalaire ce qu’ils n’ont manifestement pas souhaitée. Le
n remplace la notation dans le mois qui la reçoit, elle
n’est pas ajoutée sauf dans 3 cas. La notation primitive inis
r qui se transforme en n inis r. Dans le cas d’un
jour déjà échangé de l’état 1, n remplace la qualité du
jour (md, d, d amb) mais le nom du
mois source reste dans la notation (exemple : n anagantios
inis r, n dumanni…). Dans le cas où la ligne
comporte un iuos la notation est remplacée par n
mais l’iuos lunaire reste. La commémoration n’est donc
pas systématique à +1 an et +2 ans mais dépend de la nature de la
notation qu’elle devrait remplacer. Les auteurs du RIG III sont à
l’origine de l’explication (page 308) mais le sens profond de la
commémoration est hypothétique ;
— le premier jour des mois intercalaires reçoit en supplément la
notation du premier jour du mois qui le suit + le nom de ce mois.
C’est une forme pour rappeler que ce nouveau mois intercalaire
(avant l’insertion) était en fait à l’origine (état 1) le mois
suivant. Que ce nouveau mois prend sa place dans le cycle lunaire.
Ce rappel est dans le sens temporel inverse que la notation en
série ou le prêt du paragraphe précédent ;
— pour rester dans le temps lunaire, dans la succession réelle du
cycle des lunaisons (puisque l’insertion d’un nouveau mois
intercalaire décale/retarde d’un mois les notations présentes à
l’état lunaire 1), les responsables du temps ont alors
décalé en série vers le mois précédent la notation des jours 7, 8,
9 de chaque quinzaine. Cette série de 12 décalages s’applique sur
les 11 mois postérieurs aux nouveaux mois intercalaires insérés,
c’est-à-dire sur un an lunaire correspondant à l’état 1. Le 12ieme
mois conserve sa notation primitive (avec le nom du mois ajouté au
génitif pour exprimer la possession du mois en question). Il ne
s’agit pas d’un échange/interversion de notations entre deux mois
mais bien d’un décalage en série sur 12 mois de la notation
primitive du mois m vers le mois m-1. La notation rétrogradée est
taguée par le nom du mois source. Les jours 7, 8 et 9 de la
première quinzaine sont proches de la pleine lune, les jours 22,23
et 24 sont proches de la nouvelle lune.
Notez qu'ils ne pouvaient faire autrement pour la notation des
jours de ces nouveaux mois, sauf inventer de nouvelles notations
mais ils avaient la forte volonté de respecter l’état 1 lunaire du
calendrier. Décaler la totalité des 30 jours revenait à repousser
le problème, générer un mois identique et oublier les notations
des jours 30 lorsqu’on doit décaler d’un mois matu de 30
jours à un mois anmatu de 29 jours. Cette mise à l’heure
lunaire du calendrier luni-solaire fût mise en évidence et
qualifiée d’ « intercalary displacement » par Eóin Mac
NEILL. Les auteurs du RIG III ont traduit par « rétrogradations
» de la notation (page 303). Ces rétrogradations ont transporté
des jours fastes dans des mois néfastes et des jours néfastes dans
des mois fastes. Si la nature de la notation rétrogradée est plus
forte que la notation déjà prêté au jour intercalaire (par le
premier mécanisme) alors la notation rétrogradée supplante la
notation prêtée puisque pour les jours 7, 8, 9, 22, 23 et 24
peuvent hériter de 2 notations par 2 mécanismes différents dans
les mois intercalaires ;
— les mots ou abréviations IUOS spécifiés en fin de
ligne sur certains jours du mois sont donc aussi
rétrogradés/décalés (m-1) car ils ont un rapport avec la Lune. La
notation complète de la ligne n’est pas décalée mais porte juste
sur le tag IUOS. Il n’est pas non plus ajouté le nom du
mois d’où il provient comme pour les jours 7, 8 et 9 de chaque
quinzaine. Ainsi les IUOS des mois intercalaires sont
les IUOS des mois qu’ils ont remplacé de l’état 1
lunaire. On ne connaît pas réellement le sens d’IUOS dans
la lunaison. Ils apparaissent en série à la fin et au début des
mois, rarement isolés comme 13 RIUROS 2. Eóin Mac NEILL
a mis en évidence ce décalage rétrogradé d’IUOS (RIG III
page 304). On pourrait envisager plusieurs interprétations dont
l’incertitude entre la lunaison vraie observée et la lunaison
moyenne, une sorte d'attente ou d'anticipation sur la phase ;
En résumé :
- le mécanisme du prêt et la commémoration de ces prêts s’applique
et/ou modifie les 30 mois précédents le nouveau mois intercalaire
(inséré à l’ancien état 1 lunaire pour devenir luni-solaire) ;
- le mécanisme de la rétrogradation s’applique et modifie les 12
mois suivants le nouveau mois intercalaire ;
- ces décalages de notations modifient sur 6 jours, les 11 mois
qui suivent le mois intercalaire inséré. Les commémorations n
des prêts aux intercalaires introduisent cette notation dans 24
jours des 18 premiers mois prêteur parmi les 30 qui précédent le
mois intercalaire. On remarque aussi des n isolés
combinés avec s et/ou sds pour former ns
ou nsds. Les prêts au mois intercalaire et les
rétrogradations ont la même force et ne se remplace pas. En
revanche, nsds, n inis r et n
sont plus fort que d amb et le remplace.
L'alimentation en notations journalières des mois intercalaires
est illustrée par les graphiques suivants :
Les signes triples hastes datent probablement de l’état 2 car ils
sont indépendants des échanges ou rétrogradations des notations.
Ils apparaissent généralement en série de 3 plutôt dans la
deuxième quinzaine des mois, sans une répartition périodique
évidente. L’une des hastes plus grande est barrée au sommet. La
série apparaît souvent dans la suite logique Tll, lTl, llT.
Les 14 mois gaulois étaient donc dans l'ordre au deuxième état
luni-solaire : SAMON (matu 30 j), DUMANN
(anmatu 29 j), RIUROS (matu 30 j), ANAGANTIO
(anmatu 29 j), OGRONN (matu 30 j), CUTIOS
(matu 30 j), GIAMONI (anmatu 29 j), SIMIUI
(matu 30 j), EQUOS (anmatu 29 j), ELEMBIU
(anmatu 29 j), EDRINI (matu 30 j), CANTLOS
(anmatu 29 j) + tous les 2 ans et 6 mois (30 mois) un
mois intercalaire alternativement CIALLOS ? (matu
30 j) et D__ ? (matu 30 j). Les années I et
III contenaient 384 jours, les années II, IV et
V contenaient 354 jours.
Cet état est cohérent avec les qualités matu/anmatu
des mois, notamment pour EQUOS. Un lustre contient donc
1830 jours (354 jours * 5 lustres + 2 mois
* 30 jours). Il totalise en un siècle de 6 lustres : 10980
jours ce qui représente 371,817846234 lunaisons
synodiques moyennes et 30,062244410 années solaires tropiques
J2000 (presque pile 30 ans solaire mais pas un nombre entier de
lunaisons). De plus, une simulation numérique tenant compte des
instants vrais (et pas moyens) des phases lunaires montre que ce
comput n’est pas optimal vis-à-vis du retour du premier quartier
lunaire au 1er jour de chaque mois. Sur un siècle, il
totalise un écart cumulé à l’instant du premier quartier de 961,4
jours (soit 2,6 jours en moyenne par lunaison). Ce
comput de l’état 2 luni-solaire est 2x plus précis que
celui de l’état 1 lunaire vis-à-vis du cumul des écarts au premier
quartier lunaire le 1er jour du mois (sur 30 ans solaire).
Mais la plaque de bronze retrouvée comporte un problème
pour le mois EQUOS qui est gravé anmatu
(donc normalement 29 j) mais qui atteste 30 jours au lieu
de 29 pour les parties non lacunaires, par exemple EQUOS
1. EQUOS 1 est attesté anmatu mais avec 30
jours, EQUOS 2 avec le sommet des lettres ANmatu,
EQUOS 3 ANMatu, EQUOS 4 début de Anmatu,
EQUOS 5 ANMatu et la fin de ligne du jour 30
avec aMB. Sa notation de base est bien attestée avec des
jours anmatu noté d. Il fut donc optimisé par
la suite ou dans le même temps que cet état 2 ;
- fin de la synthèse du RIG III + mes remarques et arguments supplémentaires, la partie suivante de l'article propose les réflexions et simulations de l'auteur -
Rappel de ce que nous ne connaissons pas ou mal :
Et les fêtes ? où sont les fêtes celtiques ?
Contrairement à notre calendrier contemporain christianisé ou à celui des Romains, la plaque de Coligny comporte peu de mentions de fêtes ou de faits religieux. Elle parait assez générique :
Ces mentions sont fixes dans un calendrier en temps lunaire mais elles sont mobiles dans un calendrier solaire. Pour mentionner des fêtes solaires, il faudrait graver une plaque chaque année ou placer une cheville repère mobile sur la plaque !
Mobilité du "temps lunaire" dans le "temps solaire" durant un siècle hypothétique de 30 ans (de l'an -151 à l'an -122). La courbe jaune illustre la variation de la déclinaison du Soleil durant une année tropique. Cette courbe est fixe dans le temps solaire, elle engendre les saisons. Les dates sont exprimées dans le calendrier Grégorien (solaire), les débuts de chaque mois sont repérés par un trait vertical et le numéro du mois à sa base. La courbe grise correspond à la variation de la fraction illuminée du disque lunaire de 0 à 100%
dans cette année solaire. Les principales phases sont repérées par leur aspect dans le ciel (sur le haut la Pleine Lune, sur le bas la Nouvelle Lune, au milieu le Premier et le Dernier Quartier). On perçoit très bien la mobilité des cycles lunaires (du "temps lunaire"), dans le "temps solaire". Chaque année, les phases lunaires se décalent et ne se produisent pas le même jour de l'année solaire. Ci-dessous, idem mais en cumulant le tracé du graphique sur 30 ans.
Mais alors que faisons-nous des autres fêtes celtiques de Samain, Imbolc, Beltaine et Lugnasad ? Pourquoi n'apparaissent-elles pas explicitement dans les lignes du calendrier de Coligny ? Nous pouvons nous risquer à deux hypothèses :
Nous avons un exemple de même nature mais inverse dans le calendrier Grégorien (solaire) que nous utilisons actuellement. En effet, la date de Pâques change chaque année car elle est fondamentalement plutôt lunaire (comme les fêtes de l'Ascension et de la Pentecôte qui sont dépendantes de la date de Pâques). Elle est célébrée le premier dimanche qui suit strictement la première pleine Lune (ecclésiastique) survenant à partir du 21 mars -équinoxe de printemps- à l'époque où cette définition a été adoptée par toutes les Églises chrétiennes. Elle est donc mobile dans le calendrier solaire puisque lunaire, mais déclenchée par un événement solaire. Chaque année, nous imprimons des millions de calendriers spécifiques.
Ces fêtes celtiques furent placées dans le calendrier julien (solaire) au : 1er Novembre (Samain de même nature que la fête catholique de la Toussaint vers 830), 1er Février (Imbolc), 1er Mai (Beltaine) et 1er Août (Lugnasad). Ceux qui ont fixé ces dates, les ont délibérement placées dans le temps solaire du calendrier au 1er jour du mois (premier jour du mois solaire probablement par simplification car elles ne provenaient pas du calendrier julien). Il n'y a pas de règle lunaire comme pour Pâques.
De par leur position dans l'année, le sens commun peut interpréter ces fêtes celtiques (que l'on connait surtout par les manuscrits de l'Irlande ancienne) comme une découpe en quatre parties de l'année « saisonnière vraie », liée aux activités pastorales et agraires. Elles représenteraient alors les débuts des saisons vraies au moment où le changement de temps est perceptible, les périodes où la nature se modifie vraiment aussi bien au sens végétal qu'animal. Les saisons sont causées par la variation de hauteur du Soleil dans le ciel diurne au cours de l'année (au plus haut lors du solstice d'été, au plus bas lors du solstice d'hiver, tous les 6 mois). Cette hauteur maximale influe sur la quantité d'énergie reçue au sol pour une surface donnée, et la durée d'ensoleillement, la variation de distance Soleil-Terre n'influe que très très peu. De par son inertie thermique et la proximité d'une masse d'eau comme une mer, l'atmosphère terrestre décale légèrement ces périodes de transition par rapport aux positions géométriques des solstices et équinoxes. La Lune n'est en rien responsable des saisons et n'a même aucune influence majeure. Or si on admet ce sens à ces fêtes ou périodes, pourquoi découperaient-elles autre chose que l'année solaire ? Pourquoi découperaient-elles l'année lunaire qui n'a alors aucun lien physique et temporel ? L'homme ancien avait forcément compris l'importance du cycle solaire sur les saisons nourricières, le cycle lunaire étant bien trop court.
Ont-ils trouvé la solution la plus précise qui se synchronise le mieux avec les lunaisons ?
Le développement d'un code numérique nous a permis de calculer la précision de chaque comput combinatoire possible (variant avec 62 mois différents, 5 lustres de 12 mois + 2 intercalaires), au sens du cumul d'écart en jours entre le 1er jour du mois (du comput examiné, de la combinaison examinée) et la date réelle du premier quartier associé (pas en considérant une lunaison moyenne). Ce cumul d'écart est sommé en valeur absolue sur la durée d'un siècle hypothétique de 30 ans (6 lustres de 62 mois) dont le départ serait le Premier Quartier du 29/10/-150 à 23 h exprimé dans le calendrier Grégorien (on peut utiliser une autre lunaison, nous en choisissons une de l'époque considérée). Nous jugeons la précision du comput sur la qualité de synchronisation avec la lunaison, particulièrement le premier quartier qui est à la source profonde de la nature du calendrier gaulois. Nombreux sont les arguments dans ce web-article qui plaide en faveur d'une importance toute particulière de la Lune pour les Celtes, comme la phrase de PLINE L'ANCIEN plaide pour un calendrier fondamentalement lunaire. Les mois intercalaires purement solaires ne bénéficient d'aucune nouveauté, ils sont alimentés par les notations des mois purement lunaires.
La solution de l'état 3 (semi attestée) que nous connaissons en partie par déduction et analyse est-elle la meilleure ? Lançons les calculs pour le savoir et la quantifier/comparer aux autres solutions possibles :
√ Dans un premier run de calculs qui examine 5.435.817.984 combinaisons de comput :
Chaque ligne représente une solution de comput, les colonnes de ces solutions quantifient respectivement :
Analyse des résultats : Les solutions les plus humainement mémorisables et judicieuses quant à la conception d'un calendrier sont contenus dans le fichier 1 puisque les particularités du comput ne portent que sur 1 nom de mois. Il y a peu d'exceptions à la règle :
Dans ce premier run de calculs nous faisions varier EQUOS puisqu'il était pressenti à 28 jours par l'analyse archéologique. Mais existe-il une solution meilleure qu'un EQUOS à 28 jours avec un autre nom de mois ? ….
√ Dans un deuxième run de calculs nous recherchons s'il n'y avait pas une meilleure solution en faisant varier la durée de tous les mois de 28 à 30 jours (au mépris de leur sens matu ou anmatu).
XXX CALCULS EN COURS ... les résultats… (ATTESTE ELLE QUE EQUOS ETAIT LE BON CHOIX A FAIRE VARIER A 28 JOURS ?)
Les premiers hommes qui purent réaliser la notion du "temps qui passe" ne disposaient pas d'outils pour le mesurer. Proche de la nature et même en symbiose, ils ont probablement remarqué l'alternance et la périodicité du jour et de la nuit (avec le passage au méridien du Soleil), la périodicité des phases de la Lune, des lunaisons. Avec la rotation de la Terre sur elle-même on fabrique l'unité du jour. Avec la Lune très intrigante puisqu'elle change rapidement d'aspect, on fabrique la semaine, la quinzaine, le mois. La Lune de par ses phases permet de donner une unité de mesure assez précise du temps à l'échelle mensuelle, de la mémoire proche. « je viens te voir à la prochaine demi-lune », « je vais semer dans 3 lunaisons »… ou comme l'inscription du Mausolée de Marcus Rufius CATULLUS à Gélignieux dans l'Ain qui atteste d'un repas funéraire à donner le 14ème jours de chaque mois de 30 jours matu, donc juste avant le DQ du retour à la période sombre (et des nuits) des mois :
« … A la mémoire éternelle Marcus Rufius Catullus, curateur des Nautes du Rhône a, de son vivant, pour lui-même et pour son fils Rufius Rufianus, sa fille Rufia Pupa et pour sa fille Rufia Sacirata, morte à 22 ans, élevé ce tombeau avec une vigne et des murs, légué pour l'achèvement de la construction, son entretien et sa protection ainsi que pour un repas à donner le 14e jour des mois de 30 jours, la somme de ?? deniers à perpétuité. Ce tombeau est dédié sous l'ascia. Le monument ou son domaine ne passe pas à nos héritiers. »
On retrouve la souche lunaire dans l'étymologie du mot "mois" en anglais et en allemand. La lune moon et le mois month en anglais. La lune mond et le mois monat en allemand.
C'est une constante que l'on retrouve sur chaque continent avec les différentes civilisations, les hommes ont utilisé soit la Lune, soit le Soleil comme base de temps pour élaborer les calendriers.
Ce comptage en lunaisons n'est pas en phase et se décale du vrai rythme de la nature que sont les saisons. À travers les générations, ces peuples agraires et pastoraux associèrent l'action du Soleil incontournable dans des économies agricoles et notre rythme biologique. Ils avaient forcément remarqué que la végétation ne pousse pas durant la période froide ; qu'il fait chaud lorsque le Soleil est au plus haut dans le ciel (solstice d'été), froid lorsqu'il est au plus bas (solstice d'hiver). Cette chaleur, cette énergie, ils la ressentaient simplement en s'exposant au Soleil au contraire de la Lune. Son déplacement dans le ciel était une évidence tant par sa hauteur maximale de culmination journalière que la direction de ses levers/couchers par rapport aux points remarquables sur l'horizon du lieu. Il faut 6 mois (6,2 lunaisons) pour que le Soleil monte dans le ciel de sa position du solstice d'hiver au solstice d'été, et 6 autres mois pour qu'il descende dans le ciel jusqu'au solstice d'hiver. Nous avons là la notion de semestre de solstice à solstice, et d'année solaire pour revenir à la même position dans le ciel. La vie qui dépend de l'énergie photo-lumineuse fournie par le Soleil est rythmée par sa période. Il est aussi difficile d'imaginer notre rythme de repos parfaitement synchrone au temps lunaire (il faudrait travailler de nuit et dormir de jour à des heures fluctuantes). Il n'est donc pas étonnant que l'année solaire soit devenue une unité de mesure du temps, le Soleil une entité vénérée par la plupart des civilisations. Dans un calendrier luni-solaire, le cycle lunaire rythme les mois alors que le cycle solaire rythme les saisons et l'année.
Car c'est l'une des possibilités pour faire coïncider un nombre entier de lunaisons synodiques et d'années solaires tropiques avec une "faible" erreur résiduelle. Jean-Paul PARISOT, Professeur et Astronome à l'Université de Bordeaux, l'a bien mis en évidence dans son article On the origin of the 5-years cycle in the celtic calendar (ou Études Celtiques CNRS volume 29, 1992, pages 343-354), où la décomposition en fraction continue du rapport des périodes du Soleil et de la Lune (365,242190517 / 29,530589 = 12,3682663599 jours) donne pour chaque ordre, les solutions possibles en nombre entier de cycles lunaires et de cycles solaires. Voici les solutions possibles des ordres de la fraction continue du rapport des périodes Soleil/Lune :
a0: 12 cycles lunaires pour 1 cycle solaire avec une erreur de synchronisme de -10,87 jours
a1: 25 cycles lunaires pour 2 cycles solaires avec une erreur de synchronisme de +7,78 jours (solution utilisée par les Romain et les Grecs)
a2: 37 cycles lunaires pour 3 cycles solaires avec une erreur de synchronisme de -3,09 jours (solution utilisée par les Romain et les Grecs)
a3: 99 cycles lunaires pour 8 cycles solaires avec une erreur de synchronisme de +1,59 jours (solution utilisée par les Grecs)
a4: 136 cycles lunaires pour 11 cycles solaires avec une erreur de synchronisme de -1,50 jours
a5: 235 cycles lunaires pour 19 cycles solaires avec une erreur de synchronisme de +0,07 jour (solution utilisée par les Chaldéens et les Juifs)
a6: 4131 cycles lunaires pour 334 cycles solaires avec une erreur de synchronisme de -0,03 jour
a7: 12628 cycles lunaires pour 1021 cycles solaires avec une erreur de synchronisme de +0,0014 jour
a8: 256691 cycles lunaires pour 20754 cycles solaires avec une erreur de synchronisme de -0,0001 jour
a9: 269319 cycles lunaires pour 21775 cycles solaires avec une erreur de synchronisme de +0,0003 jour
a...
Les Celtes ont choisi (probablement empiriquement et par l'observation) d'utiliser la combinaison naturelle des ordres a1 et a2 soit 25+37=62 cycles lunaires pour 2+3=5 cycles solaires avec une erreur de synchronisme de +4,68 jours. Cette solution entière sur 5 ans comme calage luni-solaire n'est pas parfaite, avec ses 5 jours d'écart entre les deux astres. Sur un siècle de 30 ans, la dérive est donc de +28 jours soit presque 1 mois de trop. C'est la raison pour laquelle ils ont optimisé le comput comme nous le mettons en évidence dans le chapitre précédent, et qu'ils ne comptabilisaient probablement pas l'un des mois intercalaires dans le siècle. Il y avait aussi probablement d'autres corrections d'ordre supérieur et/ou empiriques car ces computs dérivent sur le long terme (les calendriers anciens Babylonien, Hébreu, Grec, Romain ont fonctionné durant des siècles par corrections empiriques sans chercher une solution calculée complexe, ajout de jours et de mois au bon moment... décrété par les maîtres du temps de l'époque).
Sans un lien attesté avec le calendrier gaulois, un rythme de 5 années est aussi évoqué par DIODORE DE SICILE (Historien Grec du 1er siècle avant J.-C.) comme une période importante pour les Gaulois en rapport à l'offrande divine de l'holocauste des malfaiteurs tous les 5 ans : "Il faut ici faire une distinction que beaucoup de personnes n'ont pas faite. Le nom de Celtes appartient aux peuples qui habitent au-dessus de Marseille, dans l'intérieur des terres, et qui vivent en deçà des monts Pyrénées jusqu'aux Alpes ; celui de Gaulois, aux peuples qui sont établis au-delà de la Celtique, soit dans les contrées inclinées vers le midi ou vers l'Océan, soit sur les monts Hercyniens ... Les femmes gauloises sont presque de la même taille que les hommes, et peuvent leur disputer l'avantage de la force. Les enfants viennent au monde pour la plupart avec des cheveux blancs ; mais en avançant en âge, leur chevelure change et prend la couleur de celle de leurs pères. La plus barbare de toutes ces nations est celle qui habite sous la constellation de l'Ourse, dans le voisinage de la Scythie. Mais les Romains ont confondu ces nations sous une même dénomination, et leur donnent à toutes le nom de Gaulois. ... Quoi qu'il en soit, on trouve les Gaulois adonnés, dès la plus haute antiquité, au brigandage, ... Ce sont eux qui ont pris Rome, saccagé le temps de Delphes, rendu tributaire une grande partie de l'Europe et plusieurs contrées de l'Asie, et qui se sont établis sur le territoire des peuples qu'ils avaient vaincus. De leur mélange avec les Grecs ils ont pris le nom de Gallo-Grecs, ... L'excessive barbarie de leurs moeurs se montre jusque dans les sacrifices impies qu'ils offrent aux dieux. Ils gardent les malfaiteurs en prison pendant cinq années, et les attachent ensuite, en l'honneur de la Divinité, à des croix élevées sur un vaste bûcher où ils les immolent en sacrifice avec d'autres prémices réservées pour les solennités...", DIODORE DE SICILE, Bibliothèque Historique, Livre 5 XXXII, traduit par A. F. MIOT.
Sur un plan plus pratique, on retrouve souvent le chiffre 5 pour compter avec les 5 doigts de la main, 5 doigts des pieds.
Pourquoi un siècle de 30 ans ?
Par le texte de PLINE L'ANCIEN, nous savons de manière explicite que la durée du siècle Gaulois était de 30 ans. Cette indication précise apparait dans la célèbre scène de la cueillette du gui sacré sur le chêne rouvre :
« … Tout gui venant sur le rouvre est regardé comme envoyé du ciel ; ils pensent que c'est un signe de l'élection que le dieu même a faite de l'arbre. Le gui sur le rouvre est extrêmement rare, et quand on en trouve, on le cueille avec un très grand appareil religieux. Avant tout, il faut que ce soit le sixième jour de la Lune, jour qui est le commencement de leur mois, de leurs années et de leurs siècles, qui durent trente ans ; jour auquel l'astre, sans être au milieu de son cours, est déjà dans toute sa force », PLINE L'ANCIEN, Histoire naturelle, Livre XVI - XCV.
La plaque du calendrier de Coligny par son comput en lustre de 5 ans est un argument supplémentaire en multiple de 6. Mais pourquoi 30 ans ? L'usage de la base 10 (décimale, nombre de doigts) suggérerait plutôt l'utilisation de 100 ans pour base x base (10 x 10). L'usage de la base 20 (vigésimal, doigts + orteils) suggérerait plutôt 20, 40 ans ou 400 ans (20 x 20). On peut envisager plusieurs solutions :
Les Pléiades photographiées par Jean CHAPELLE dans les années 1980, Président fondateur de l'Association des Astronomes Amateurs d'Auvergne,
Professeur de Mathématiques au lycée-collège de Montferrand (Ambroise BRUGIÈRE) à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme 63.
Ce groupe d'étoiles proche du Taureau et du Bélier, attire facilement le regard de l'observateur. Il n'est pas surprenant qu'il soit utilisé et cité par de nombreux auteurs antiques.
Restitution des siècles gaulois sur la base de l'hypothèse astronomique synchronisée par l'observation (Lune, Soleil, Saturne)
ATTENTION : Les restitutions des siècles gaulois qui suivent peuvent être abordées de deux manières par le lecteur :
D'après les textes de PLINE L'ANCIEN et de PLUTARQUE, nous recherchons les débuts des siècles espacés d'environ 30 ans qui correspondent au Premier Quartier Lunaire au moment où Saturne rentre dans la constellation du Taureau. En fait, Saturne reste de 2 à 3 années dans la large constellation du Taureau en réalisant 2 à 3 boucles de rétrogradation :
Le trajet de la planète Saturne dans la constellation du Taureau
d'Ouest en Est et de son entrée 11/04/-151 JULIEN à sa sortie le
19/06/-148 JULIEN.
Durant cette période, elle accomplissait 2 boucles de rétrogradation
dans le Taureau et elle y resta 2,2 années.
On remarque les Pléiades M45 et l'étoile brillante Aldebaran α Tau qui
apparait rougeâtre à l'observateur comme l'oeil du Taureau..
Illustration réalisée avec le logiciel SkyChart/Carte du Ciel de Patrick Chevalley.
La première boucle de rétrogradation de la planète Saturne dans la
constellation du Taureau de mi-août -151 JULIEN à mi-janvier -150
JULIEN.
Illustration réalisée avec le logiciel SkyChart/Carte du Ciel de Patrick Chevalley.
Comme il s'agit d'une observation astronomique, nous considérons les limites vraies des constellations dans le ciel tel que les astronomes les délimitent (nous ne considérons pas les signes zodiacaux qui divisent la bande du ciel en 12 parties égales et qui n'ont pas de sens observationnel). Ces contraintes simples donnent des solutions qui font débuter les siècles gaulois à des périodes différentes de l'année solaire d'un siècle gaulois n à un siècle n+1, autrement dit les siècles débuteraient à des mois solaires (Grégoriens) différents – tableau des résultats A : Lune PQ, Saturne dans le Taureau, Siècle d'environ 30 ans -. Ceci n'est pas conforme à l'idée d'un calendrier luni-solaire stable. Il faut donc ajouter une contrainte supplémentaire aux calculs.
L'héritage des fêtes celtiques christianisées place la fête de Samain au 1er novembre de notre calendrier Grégorien. Par leur traduction, les linguistes situent aussi le mois 1 gaulois SAMONIOS à cette période de l'année par la signification des autres mois du calendrier (par exemple le mois 5 OGRONIOS qui signifierait « le mois froid » et dont le premier jour tombe début ou mi-février Grégorien ; le mois 7 GIAMONIOS qui serait traduit par « la fin de l'hiver » qui tombe mi-avril Grégorien, et, le mois 8 SIMIUISONNA traduit par « milieu du printemps » dont le premier jour tombe mi-mai Grégorien). Il s'ajoute à ces traductions la mention TRINOX SAMONI SINDIOU du calendrier de Coligny qui serait avancée comme l'équivalent en Gaule continentale, de l'époque de la fête celtique Irlandaises de Samain.
Pour que les siècles débutent par le mois SAMONIOS au moment de l'année solaire qui correspond à fin-octobre début-novembre Grégorien, on doit ajouter une contrainte supplémentaire qui impose que le Soleil soit situé dans la zone de la constellation du Scorpion/Ophiuchus (à l'exact opposé du Taureau dans le ciel). Nous choisissons une contrainte astronomique supplémentaire pour rester dans la même logique mais nous pourrions simplement tester la date ce qui revient au même. Les résultats du calcul tombent alors tous au moment où Saturne fait son mouvement rétrograde dans le Taureau, sous les Pléiades – tableau résultats B : Lune PQ, Saturne dans le Taureau, Soleil dans le Scorpion, Siècle d'environ 30 ans - . La boucle de rétrogradation est un mouvement particulier des planètes supérieures dans le ciel (environ tous les 378 jours pour Saturne, sa période synodique), puisqu'un observateur voit la planète se diriger dans le sens direct vers l'Est de jour en jour, puis semble à l'arrêt et repart en arrière vers l'Ouest dans le sens rétrograde, puis repart dans le sens direct vers l'Est quelques semaines plus tard. Le centre de la boucle est aussi le moment où la planète a le plus fort éclat lumineux dans le ciel (puisque au plus proche de la Terre et à l'opposition du Soleil, encore plus marqué en cas d'opposition périhélique). Pour Saturne, sa magnitude passe de m= 0,1 (en juillet -151 Julien) à m= -0,5 (durant une semaine fin-octobre début novembre -151 Julien), soit un écart de 0,6 magnitude qui représente une planète dont l'éclat est x 1,5 plus important que normalement. C'est un constat : Saturne à cette période de l'âge du fer, réalisait tous les 30 ans son premier mouvement rétrograde dans le Taureau, à l'automne (durant 5 à 6 mois) ce qui constitue une particularité, et un "signe" en mouvement inverse dans le ciel avec un fort éclat pour des observateurs astronomes de l'époque.
Si on ajoute une contrainte supplémentaire qui impose un mouvement direct à Saturne vers l'Est (pour le début d'un siècle) pour respecter le texte le PLUTARQUE « rentre dans le signe du Taureau » alors on ne trouve aucune solution – tableau résultats C : Lune PQ, Saturne dans le Taureau en mouvement direct, Soleil dans le Scorpion, Siècle d'environ 30 ans-. Sans contrainte de position du Soleil on obtient les débuts des siècles hypothètiques qui retombent à n'importe qu'elle période de l'année solaire – tableau résultats D : Lune PQ, Saturne dans le Taureau en mouvement direct, Siècle d'environ 30 ans -. En modifiant la contrainte du Soleil qui doit être dans le Scorpion/Ophiucus par une position dans la constellation du Taureau, alors les siècles gaulois débuteraient fin-avril début-mai Grégorien – tableau résultats E : Lune PQ, Saturne dans le Taureau en mouvement direct, Soleil dans le Taureau, Siècle d'environ 30 ans -.
Enfin pour vérification, si on s'attache "au signe particulier du ciel" du mouvement rétrograde de Saturne au moment où elle rentre dans la constellation du Taureau alors on retombe sur les mêmes résultats que le tableau B : - tableau résultats F : Lune PQ, Saturne dans le Taureau en mouvement rétrograde, Soleil dans le Scorpion, Siècle d'environ 30 ans -. Ce dernier résultat est logique puisque pour l'époque elle est en mouvement rétrograde dans le Taureau au moment où le Soleil est dans le Scorpion à l'opposé.
Si on analyse finement les configurations de Saturne pour cette occurence de première rétrogradation d'entrée dans le Taureau à l'année Julienne -151. On obtient ce qui se répète presque tous les 30 ans :
De ces calculs et simulations découlent que l'année du début du siècle gaulois aurait pu être :
Lever héliaque des planète Saturne et Mars mi-mai -151 JULIEN.
Illustration réalisée avec le logiciel planétarium Stellarium.
Coucher héliaque acronyque de la planète Saturne fin-octobre -151
JULIEN.
Illustration réalisée avec le logiciel planétarium Stellarium.
Lever héliaque acronyque de la planète Saturne début-novembre -151
JULIEN.
Illustration réalisée avec le logiciel planétarium Stellarium.
Avec cette hypothèse astronomique et ces données, nous pouvons calculer et composer un ensemble de pages web par siècle gaulois. Nous utilisons la restitution des mentions journalière du calendrier de Coligny, proposée et argumentée pour chaque ligne par Paul-Marie DUVAL et Georges PINAULT dans les pages 327 à 395 du Recueil des Inscriptions Gauloises R.I.G Volume III – Les calendriers (Coligny, Villards d'Héria).
Dans les pages web de l'ensemble des liens qui suivent, chaque ligne correspond à une journée, les colonnes ont pour signification :
Liens
vers les pages web des restitutions hypothétiques des siècles
répondants à la définition : Lune
PQ, Saturne dans le Taureau en mouvement rétrograde, Soleil dans le
Scorpion, Siècle d'environ 30 ans (la date signées correspond à
l'année Grégorienne du début du siècle au format conventionnel des historiens, sans année zéro. On passe de l'année -1 à l'année +1 contrairement à la convention astronomique qui admet une année zéro) :
-976, -946, -917, -888, -857, -829, -799, -770, -740, -711, -682, -651, -623, -593, -564, -534, -505, -475, -446, -415, -387, -357, -328, -298, -269, -240, -209, -181, -151, -122, -92, -63, -33, -4, +28, +56, +86, +115, +144, +174, +203, +234, +262, +292, +321, +351, +380, +409, +439, +468, +498, +527, +557, +586, +616, +645, +676, +704, +734, +763, +793, +822, +851, +881, +910, +940, +969, +999, +1028, +1058, +1087, +1118, +1146, +1175, +1205, +1234, +1264, +1293, +1323, +1352, +1382, +1411, +1441, +1470, +1499, +1529, +1558, +1588, +1617, +1647, +1676, +1706, +1735, +1765, +1794, +1824, +1853, +1883, +1912, +1941, +1971, +2000, +2030, +2059, +2089, +2118, +2147, +2177, +2206, +2236, +2265.
Le lecteur remarquera dans ces premières restitutions que compte tenu de la définition adoptée, pour une date contemporaine comme +2000, le début d'un siècle est déplacé à fin-novembre début-décembre à cause de la précession des équinoxes. En effet, la condition Soleil en "Scorpion ou dans Ophiuchus" impose une position du Soleil dans le ciel telle qu'il était à l'opposé à la constellation du Taureau à l'époque antique (fin-octobre début-novembre Grégorien, pour -150 il entrait dans le Scorpion vers le 23/10 et en sortait vers le 20/11). Ce n'est plus le cas aujourd'hui car sous l'effet de la précession des équinoxes, le Soleil quitte la constellation de la Vierge fin-octobre pour entrer dans la constellation de la Balance début-novembre. Ce décalage retire le sens traduit des mois gaulois en rapport avec la saison (froid, printemps...) puisque les mois sont avancés d'un mois dans le temps. Je propose donc une définition adaptée à l'époque contemporaine pour que le début d'un siècle gaulois contemporain démarre comme dans l'antiquité fin-octobre début-novembre afin de conserver le sens du nom des mois. Il suffit que Lune PQ, Saturne dans le Taureau en mouvement rétrograde, Soleil entre la Vierge et la Balance (plus simplement que le début d'un siècle soit entre le 15 octobre et le 15 novembre Grégorien), Siècle d'environ 30 ans. Les résultats obtenus tombent sur les mêmes années mais sont reculés d'une lunaison par rapport aux précédents pour conserver le sens du nom des mois gaulois. C'est une adaptation nécessaire si l'on veut reproduire un calendrier de même nature pour notre époque contemporaine. D'autres calendriers furent aussi réformés et affinés dans le temps au cours de leur utilisation :
-976, -946, -917, -887, -857, -829, -799, -770, -740, -711, -682, -651, -623, -593, -564, -534, -505, -475, -446, -416, -387, -357, -328, -298, -269, -240, -210, -181, -151, -122, -92, -63, -33, -4, +27, +56, +86, +115, +144, +174, +203, +233, +262, +292, +321, +350, +380, +409, +439, +468, +498, +527, +557, +586, +616, +645, +675, +704, +734, +763, +793, +822, +851, +881, +910, +940, +969, +999, +1028, +1058, +1087, +1116, +1146, +1175, +1205, +1234, +1264, +1293, +1323, +1352, +1381, +1411, +1440, +1470, +1499, +1529, +1558, +1588, +1617, +1647, +1676, +1706, +1735, +1765, +1794, +1823, +1853, +1882, +1912, +1941, +1971, +2000, +2030, +2059, +2088, +2118, +2147, +2177, +2206, +2236, +2265.
Restitution des siècles gaulois sur la base de l'hypothèse astronomique contrainte à 10956 jours par siècle (état 3 : ≈ 371 lunaisons, ≈ 30 années solaires, Saturne ?)
Dans la restitution astronomique précédente, les départs de chaque siècle sont initiés et synchronisés par l'observation astronomique. Comme la période de Saturne (29,46 ans) n'est pas un multiple entier de l'année solaire, il est impossible que les siècles qui se succèdent contiennent le même nombre de jours que pile 30 années solaires, chaque départ de siècle se déduit de l'observation astronomique.
Si l'idée est envisageable pour une époque reculée de l'âge du Fer où un maitre du temps observait le mouvement de Saturne, elle parait peu probable pour une époque plus contemporaine (mais possible !). Si les maîtres du temps ont optimisé la précision du comput sur la Lune et le Soleil pour obtenir la solution la plus précise, il n'y a pas de raison pour qu'ils optent pour une durée variable du siècle sauf s'ils considéraient vraiment la position de Saturne comme événementielle, le siècle comme profondement et fondamentalement "Saturnien".
Mais n'oublions pas que le calendrier des Romains subissait de nombreuses réformes et recalages temporel à cette même époque ! Il y a même eu une période de plusieurs mois de décalage avec les saisons. En effet, les premiers calendriers romains étaient irréguliers car ils tentaient d'associer l'année solaire aux lunaisons. Cette complexité luni-solaire fût réduite avec la réforme de Numa (362,5 j/an) puis le calendrier républicain vers -450 (366,25 j/an) mais toujours avec des jours intercalaires plus ou moins ajustés ou oubliés. L'année -48 fut ubuesque puisque l'année civile avançait de 3 mois sur l'année solaire. Jules César mit fin à ces irrégularités en -45 avec le calendrier dit Julien (365,25 j/an en moyenne), synchronisé sur le Soleil. Mais les paysans romains trouvaient depuis toujours la stabilité calendaire dans le ciel pour entreprendre les travaux agricoles (voir les textes de PLINE L'ANCIEN, VIRGILE).
Dans la restitution suivante, nous choisissons un départ de siècle de l'hypothèse astronomique à l'époque avancée du Druidisme (vers -150) (tel que l'envisage les historiens : apparitions en nombre des Druides vers le 6ieme siècle av J.-C., influence Pythagoricienne, déclin du Druidisme avant la conquête) . Nous pourrions choisir une autre date car elle ne changerait rien à notre démonstration pourvue qu'elle soit un PQ. Nous voulons analyser la dérive du comput de l'état 3 à 10956 jours par siècle gaulois.
Nous enchainons une durée de siècle de 10956 jours (état 3) sans attendre ou anticiper la position de Saturne, comme nous le ferions aujourd'hui avec le calendrier Grégorien. Nous ne donnons les résultats obtenus qu'entre -600 et +390 car ce comput de 10956 jours dérive d'environ 4,9 jours lunaires en 1000 ans solaires tropiques, soit le PQ qui devient le DQ en environ 3000 ans :
Voici les résultats de la simulation :
-601, -571, -541, -511, -481, -451, -421, -391, -361, -331, -301, -271, -241, -211, -181, -151, -121, -91, -61, -31, -1, +30, +60, +90, +120, +150, +180, +210, +240, +270, +300, +330, +360, +390.
Comme les autres solutions, elle dérive et droit être recalée par l'observation au bout de quelques siècles !
Traduction et signification des mots et abréviations gravées sur la plaque de Coligny
La plaque du calendrier de Coligny constitue une grande surface gravée sur laquelle on ne peut inventorier qu'au plus soixante dix mots ou abréviations. Ces inscriptions sont toutes gravées en alphabet latin dans une langue assurément celtique. Comme pour les erreurs de gravures par faute d'inattention du graveur, on trouve aussi des erreurs de grammaire et d'orthographe. La majorité des notations journalières sont gravées sous une forme abrégée pour faciliter et accélérer le travail du graveur (au dépend du linguiste contemporain).
On trouve la forme des mots au nominatif et au génitif. La forme au génitif traduit l'appartenance d'origine à un autre mois (cas des transferts de notation et des rétrogradations).
La forme des noms des mois strictement gravée sur la plaque est : SAMON, DVMAN, RIVROS, ANAGAN & ANAGATIO, OGRON, CVTIOS, GIAMON, SIMIVI & SIMIVIS, EQVOS, ELEMBAN & ELEMBIV, AEDRINI & EDRINI, CANTLOS.
Le tableau ci-dessous contient tous les mots que l'on peut lire et/ou restituer de la plaque. La traduction et l'interprétation de ces mots provient de deux sources :
- DLG : le Dictionnaire de la Langue Gauloise de Xavier DELAMARRE, édition 2008
. ISBN 978-2-87772-369-5 / 2877723690 ;
- RIG : le Recueil des Inscriptions Gauloises R.I.G Volume
III – Les calendriers (Coligny, Villards d’Héria) par
Paul-Marie DUVAL et Georges PINAULT, 1986, XLVe supplément à « GALLIA
» CNRS ;
- DOT : liste des nombres ordinaux par Georges DOTTIN dans les comptes-rendus des scéances de l'Académie des Inscripsions et Belles-Lettres, 1923, volume 67, page 441-442 ;
- ARB : Compter jusqu'à dix en gaulois, Encyclopédie de l'Arbre Celtique ;
- MMC : par l'inscription du Mausolée de Marcus Rufius CATULLUS à Gélignieux petrudecametos pour 14e jour.
I | DLG : 1 oino- (oinos chez les indo-européens d'Europe) ARB : oino- DOT : cintuxos premier. |
II | DLG : 2 ARB : duo DOT : alos deuxième -> ciallos ce second... |
III | DLG : 3, tri-, treis-, tidres ARB : tri- DOT : tritos troisième |
IIII | DLG : 4 petru-, petuar(es) ARB : petuar- DOT : petuanos quatrième |
V | DLG : 5 pempe ARB : pempe DOT : pinpetos cinquième |
VI | DLG : 6 suexs ARB : suexs DOT : suexos sixième |
VII | DLG : 7 sextan ARB : sextan DOT : sextametos septième |
VIII | DLG : 8 oxtu ARB : oxtu- DOT : octuanitos huitième |
VIIII | DLG : 9 nauan ARB : nauan DOT : nametos neuvième |
X | DLG : 10 decam- decan- ARB : decan DOT : decametos dixième |
XI | DLG : 11 |
XII | DLG : 12 MMC : sur le même modèle on pourrait déduire duodecametos pour douzième. |
XIII | DLG : 13 MMC : sur le même modèle on pourrait déduire tridecametos pour treizième. |
XIIII | DLG : 14 MMC : par l'inscription du Mausolée de Marcus Rufius CATULLUS à Gélignieux, on a petrudecametos pour quatorzième 14e. |
XV | DLG : 15 MMC : sur le même modèle on pourrait déduire pempedecametos pour quinzième. |
aedrinios | DLG : Nom du onzième mois. Génitif : aedrini, edrini. RIG : C. Lainé-Kerjean proposait "mois ardent". On pourrait le rattacher au vieil irlandais aed "feu". |
amb | RIG : probablement une abréviation dont le sens hypothètique est le préverbe ambi- = autour, environ ? |
(am)bantaran(o) | DLG : apparait dans l'en-tête du deuxième mois intercalaire en ]bantaran. m soit la restitution possible ambataranos mid : mois intercalé. |
amman | DLG : temps, période ? Rapproché du vieil irlandais amn (temps, moment), du breton amser (temps). |
an- | DLG : particule privative/inverse in- a- non- sans- |
anagantios | DLG : Nom du quatrième mois. Il pourrait être le mois où l'on ne voyage pas (mener, conduire), ou le mois d'ablutions rituelles (bains, lavages) ? Abrégé en anagan, anagtio. Génitif : ? |
anmatu | DLG : sens contraire (an-) de matu soit : défavorable, incomplet (anfad = infortuné/sinistre/peu propice en gallois, matus = bon/favorale en celtibère, maith = bon/excellent/avantageux/faste en vieil irlandais, mat = bon en vieux breton). Abrégé dans le calendrier en an, anm, anma. RIG : dans le contexte du calendrier il peut signifier mois "incomplet" de 29 jours en opposition aux mois complets matu de 30 jours. |
atenoux | DLG : retour de la période, renouvelement (ate- indique la répétition). ate en-oux ou at-en-ouksion : à nouveau en montant. RIG : la racine du type *ate-nouk-s siginfierait "à nouveau l'obscurité", retour à la période sombre de la lunaison. |
b?is | DLG : dans l'en-tête du deuxième mois intercalaire. RIG : restitution possible en buis mais pas de signification. |
brigiomu | DLG : le plus bref ? RIG : le sens de base serait "montrer, exposer" d'une racine "éclairer, briller" du vieil irlandais bricht "formule magique, incantation, sort, objet pourvu d'un pouvoir magique" ? |
cantlos | DLG : Nom du douzième mois. On le rapproche du chant ou de la récitation, poème ou hymne ou encore la leçon liturgique. Variante : gantlos. Abrégé en cant, cantl. Génitif : cantli. |
CCCLXXXV | 385 |
ciallos | DLG : le deuxième ? RIG : allos = autre. ci-allos pourrait signifier "cet autre, ce second"... |
cutios | DLG : Nom du sixième mois. Il pourrait être rapproché de voix, invocateur. Mois des invocations ? Variante : gutios, cut-. Génitif : cutio, qutio, quti. |
d | DLG : abréviation de jour diios. RIG : abréviation de *dijos "jour". |
d amb | DLG : abrégé de jour _amb_ ? |
deuor | DLG : variante abrégée de diuertomu ? préverbe de-uor-. deuortom iug riuri en XIII riuros 2 |
dib | DLG : fin, destruction, extinction, disparition ? Cette notation apparait en cantlos 29, soit le dernier jour de l'année et le dernier jour du mois cantlos D IVO DIB CANT. Dernier jours d'une année subissant la rétrogradation (avec iuo s) ? |
diuertomu | DLG : sans sommet, sans jour final (di- = sans). Pour signaler que le mois ne comporte pas de trentième jour : on passe au mois suivant. Variantes sur la plaque : diuortomu, diuertiomu. RIG : peut indiquer que le jour XVa est "sans valeur", "n'existe pas", qu'il faut "tourner" au mois suivant. |
ds | |
dsns | |
dumanios | DLG : Nom du deuxième mois. On le rapproche de fumée, vapeur, âme, force vitale. Le sens du mois est peut-être de nature sacrificielle comme le mois des fumigations ? |
edutio | DLG : Variante : eduti. |
elembiuos | DLG : Nom du dixième mois. Le mot contient le nom du cerf (elen-). Il s'agit probablement du mois du cerf. Abrégé en elemb, elembiu. Génitif : elembi. |
equos | DLG : Nom du neuvième mois. Il pourrait s'agir du mois du cheval (epos). Génitif : equi. |
exingi | RIG : le mot pourrait se décomposer en *eks- et *king-. Le sens serait "venir de". |
exo | DLG : excepté ? extraordinaire ? exception ? |
ganor | |
gariedit | DLG : ? gar- appeler, crier, invoquer. |
giamonios | DLG : Nom du septième mois. Le mot contient l'hiver giamo- mais il s'agit probablement de la fin de l'hiver puisque le mois suivant simiuisonna contient le nom du printemps. Abrégé en : giam, giamon, giamoni. Génétif : giamoni. |
in | DLG : dans RIG : dans le deuxième intercalaire au jour IIa on a clairement in ogro soit "dans le mois d'Ogronnios". |
inis | DLG : Abrégé en in. RIG : la forme in(n)is serait à rapprocher des prépositions conjuguées du néo-celtique avec un pronon enclitique comme *in d isiu > innis "en lui". |
iug | DLG : peut être abrégé de iugon avec un sens de périodes/cycles ? |
iuos | DLG : apparait en début et fin de mois sur la plaque parfois abrégé en iuo, iu. sens de fête, ou religieux ou juridique (uisse = juste en viel irlandais, ius en latin). RIG : on pourrait supposer *iuostu- proche du vieil irlandais uisse "juste". |
laget | DLG : Abrégé en lag, lage. voir prinni laget. |
lat | forme abrégée de lation. |
lation | DLG : Journée (diurne+nocturne). laithe en vieil irlandais (partie diurne de la journée). |
loudin | DLG : rapproché de emmêler. voir prinni loudin. Abrégé en loud. |
lugo | DLG : en II anagantios 5. La restitution du LV semble audacieuse car il s'agit de traces qui peuvent évoquer un L et un V mais les caractères ne sont pas totalement gravés. RIG : rapport avec le dieu Lugus ? pluriel de type lugoues, ou génitif singulier *lugouos ? |
ma | |
matu | DLG : bon, favorable, complet ? (matus = bon/favorale en celtibère, maith = bon/excellent/avantageux/faste en vieil irlandais, mat = bon en vieux breton). Abrégé en mat, m. Il apparait sous la forme complète dans l'en-tête du premier mois intercalaire. RIG : sens fondamental de "bon" attesté par toutes les langues celtiques mais dans le contexte du calendrier qui s'applique aux mois de 30 jours, on peut penser à "complet" qui s'oppose aux mois de 29 jours anmatu "incomplets". |
m d | DLG : probabalement l'abrégé de matu diios, soit jour favorable. |
mid | DLG : mois. Abrégé en m sur la plaque. Le mot indo-européen *mens désigne le mois, la lunaison. |
n | RIG : On retrouve le n dans plusieurs inscriptions : n commémoratif isolé, nsds, ns ds, ds ns, n inis r. Ce n'est pas forcément l'abréviation du même mot. ns ds pourrait être "nuit jour" pour nos (Gallois) diios (gaulois). n inis r pourrait être "saint, sacré" pour *noibo- noib en vieil irlandais. |
n inis r | |
ns | RIG : peut être l'abbréviation de "nuit" du Gallois nos ? |
nsds | |
ociomu | DLG : le plus complet ? |
ogronnios | DLG : Nom du cinquième mois. L'éthymologie est assurée par le celtique insulaire d'un mois froid d'hiver (ougro- = froid).
Abrégé en ogro, ogron, ogronn. Génitif : ogroni. Datif : ogronu. RIG : mois de "frimaire". |
ox?antia | DLG : ? restitué oxtantia car la spirante x implique un t. Dérivé probable de 8. |
peti | DLG : épargne ! RIG : combien ? chose, morceau ? |
pogdedortonin | DLG : ? dans la phrase au pied du premier mois intercalaire. |
prinni | DLG : On rapproche ce mot de prenne, prenn qui signifie bois. Abrégé en pri, prin, prinno, prino. |
prinni laget | DLG : laisser les bois au repos, ne plus tirer les baguettes au sort ? |
prinni loudin | DLG : enmêler les bois, tirer les baguettes au sort ? |
quimon | |
r | RIG : la lettre suit toujours innis ? |
ri | |
rix | |
riuros | DLG : Nom du troisième mois. Il est mis en rapport avec le grand froid, le gel, le froid intense ou en encore le mois gras. Génitif : riuri. RIG : en vieil irlandais réud est le "grand froid", en gallois rhew est le "gel", en breton riv est le froid que l'on ressent. |
samonios | DLG : Nom du premier mois. Le mot contient le nom celtique et indo-européen de l'été : samo. Samonios désignerait la fin de l'été ou son résumé, le mois d'assemblée, de retrouvailles et de réunion avec les morts et l'au-delà. Abrégé en : sam, samon, samo. Génétif : samoni. |
simiuisonna | DLG : Nom du huitième mois. Il contient le nom celtique du printemps uisonna- et le terme simi que l'on peut rapprocher de demi. Soit donc le milieu du printemps. Abrégé en simiuis, semiuiso, simiuiso, sonna. Génétif : simiui ? |
sindiu | DLG : aujourd'hui, ce jour. RIG : le sens "aujourd'hui" est certain par le rapprochement du vieil irlandais indiu. |
sonnocingos | DLG : marche du soleil, année ? sonno-/sunno- (soleil) -cingos (racine celtique cing- = avancer). La marche du soleil durant une année dans le ciel est l'écliptique. |
tinad | |
tiocobrextio | DLG : jour de justice ? reconstruction avec tio-com-rextio (com-rextio s'approche de loi, règle, autorité). |
tit | |
trinox | DLG : trois (tri-) nuits (noxt-). Abrégé en trinox, trinux, trino. |
trinox samoni sindiu | DLG : c'est à partir de ce jour la fête des trois nuits du mois samonios. |
ux | RIG : au-dessus ? Breton uc'h. |
- épithète du premier mois intercalaire : D[ MID X[ MATU = mois favorable 13 (comme le deuxième intercalaire où la valeur est attestée) ;
- pied du premier mois intercalaire : a]MB RIX TIO CObRext GARIEDIT OX[.]ANTIA POGDEDORTONIN QUIMON = ? (tiocobrextio 'justice', gariedit 'invoquer', oxtantia '8, huitaine') ;
- épithète du deuxième mois intercalaire : CIALLOS B?IS SONNOCINGOS AMMAN M M XIII LAT CCCLXXXV ?BANTARAN M = deuxième période pour rattraper la marche du soleil par un treizième mois favorable qui formera une année intercalée de 385 jours (ATTENTION ! dans le sens futur pour le comptage des jours de l'année, l'intercalaire commençait l'année intercalée, voir les arguments du chapitre sur l'état 3 ci-avant).
Chez nos voisins Grecs et Romains ?
XXXX,
Autres auteurs, les autres hypothèses
Selon les auteurs, notre connaissance lacunaire du calendrier Gaulois conduit à plusieurs interprétations, hypothèses et extrapolations. Dans ce web-article j'ai traité et complété la solution qui me parait la plus probable et à laquelle j'adhère le plus. Les auteurs de la liste suivante proposent d'autres solutions de comput :